lundi 31 janvier 2011

CONTE DE FEES CERAMIQUE DE PREVELLES [3/4]

3ème épisode de la série de quatre articles a été écrite par Gabriela Luptáková
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J'ai été invitée dans de nombreuses familles, et partout on mangeait dans la céramique, dans le grès. La poterie faite à la main, jolie, où chaque petite assiette ou tasse portaient une estampille de I' auteur, de I' artisan, du potier. Comment en sommes-nous arrivés à manger dans une porcelaine si fade, produite en série Dieu sait où ? Pourtant la Slovaquie n'a pas de matière brute pour faire de la porcelaine, et donc aucune tradition "porcelaine". Je suis tombée sur une feuille volante avec la programmation des marchés de potiers pour I' année 2010 dons la région de Sarthe, là où j'étais. On ne peut pas imaginer combien il y en avait. Des dizaines !!! Nous en avons un seul à Pezinok et j'en suis très reconnaissante. Peu à peu je me rendais compte que ce n'était pas "l'art" qu'on mettait à la première place, mais I' artisanat. Un bon métier pour tout le monde et ils I' estiment infiniment. 
Un exemple entre tous : je voulais faire cadeau à Philippe d'un livre sur la céramique traditionnelle slovaque, car il est connaisseur, amateur et collectionneur. Après de maints essais dans les magasins et sur I' internet, j'ai trouvé enfin avec beaucoup de chance dans une bouquinerie les "Habans en Slovaquie" de F. Kalesny. Ils venaient de l'acquérir d'un héritage. Nous n'avons rien de contemporain ! Et, à vrai dire, même pas d'ancien. Si quelqu'un possède un livre de Mme Plickova ou de M. Kalesny, il y tient comme à la prunelle de ses yeux et ces livres-là font partie des successions. En France j'ai fêté mon anniversaire et mes amis locaux m'ont préparé une fête somptueuse et très officielle en présence des responsables de I' Association, et j'ai reçu un cadeau précieux : un livre grand et gros sur la céramique de ce pays-là. Uniquement de ce département, pas de la France. Et nous, avec notre richissime héritage, nous n'avons rien de rien ! Je ne suis pas sûre que l'on puisse en rendre responsable uniquement les 40 ans du socialisme. 
Chaque semaine pendant mes trois mois j'ai été dans un journal régional. Dans la rue on me reconnaissait, on venait regarder dans mon atelier, on m'appelait "la reine de la biennale". Mais après l'arrivée de nos potiers, c'étaient eux, les vedettes. Et à juste titre, je crois, parce qu'ils sont non seulement d'excellents artisans, mais également des personnes admirables. L'arrivée de mes collègues m'a fait un grand plaisir : de ceux que je connaissais, tels que Anná Horváthová, Veronika Selingerová, Milica Podstrelencováet Ilja Holesovsky, mais également de ceux qui étaient nouveaux pour moi : Daniela Jakubcová, Marian Liska, Frantisek Spicka, Juraj Maco. Et aussi tous ceux qui les accompagnaient, des gens aimables de Modra. Nous avons vite fait connaissance, comme c'est toujours le cas chez ceux qui travaillent avec de I' argile, et je crois, que nous étions bien ensemble lors de ces dix derniers jours agités. C'est avec soulagement que j'ai fait une pause dans l'utilisation du français qui n'était pas toujours facile.

Au programme de la Biennale il y avait aussi un symposium de trois jours, auquel nous, céramistes et potiers slovaques, avons travaillé ensemble à Tuffé dans une vaste grange, pour que le public puisse nous regarder à I'oeuvre. J'avoue sincèrement qu'au début, ce n'était pas franchement à mon goût, je préférais ma longue solitude à La Pucelle, mais très vite j'ai compris le sens de tout cela. Il est incroyable combien de gens s'intéressaient sincèrement. Des familles avec des enfants s'engageaient volontairement, la jeunesse des écoles semblait y prendre plaisir, les visites des retraités n'en finissaient pas.
Nous avons fait sécher I' argile au soleil, rapidement, car le point d'orque du programme suivait, à savoir la cuisson dons le four à bois de ce que nous avons fait pendant ce court symposium, y compris les travaux des enfants, qui étaient encore plus curieux que nous.
Photos : Gabriela Luptáková
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