lundi 7 février 2011

CONTE DE FEES CERAMIQUE DE PREVELLES [4/4]

4ème épisode de la série de quatre articles a été écrite par Gabriela Luptáková


(retour vers le 3ème épisode)


Une cuisson dons un four à bois, c'est une expérience merveilleuse. On dit que si un céramiste fait un jour sa cuisson au bois, il ne peut plus revenir au four électrique qu'il va trouver fade. Le feu vif apporte à cette œuvre, que ce soit une tasse ou une sculpture, quelque chose de plus. Des coloris inattendus, un éclat ici, un mat là-bas, pour tout dire il insuffle à la céramique son secret. Non seulement qu'on recharge en bois sans arrêt pendant quinze à dix sept heures, mais cette ambiance tout autour, où on se remplace, un s'endort, I' autre fait de la cuisine pour les autres - c'est toujours un événement même pour ceux qui le connaissent intimement comme Philippe Ménard. Tout ce rire, le balayage du foyer, le chargement dans le four, tellement grand qu'un homme y peut entrer, l'emmurement, le préchauffage. C'est un travail d'équipe, dur et exaltant dans l'attente patiente du résultat, une attente de plusieurs jours. La plus grande excitation, bien évidemment, c'est le jour de I' ouverture du four, qui reste emmuré jusqu'a un certain refroidissement, et on peut entrevoir par une petite fente les cônes pyrométriques gisant, ce qui signifie, que la température a atteint 1 3OO°, comme on voulait. 
L'ouverture du four a été annoncé comme une attraction pour le large public avec une vente aux enchères de la céramique encore chaude au profit de I' Association. Le succès a été énorme, certains produits avaient été réservés avant même la cuisson, dans leur état brut. Ceux qui étaient venus, même de Paris, attendaient impatiemment cet événement. C'est un plaisir qu'ils s'offrent à eux-mêmes ainsi qu'à leurs enfants et ils contribuent en même temps au développement de la culture dans la région qui en a besoin.
J'ai admiré également, qu'ils soient arrivés à publier avant la Biennale non seulement de grandes affiches, suspendues partout dans les environs, mais également un catalogue d'une bonne qualité, élaboré par Mme Caty Rousseau, graphiste du Mans. La clôture de l'événement, assurée par de dizaines de bénévoles, y compris venus des rangs des notables locaux, a été vraiment magnifique. J'aimerais bien parler un peu des bénévoles.
L'épouse du moire de Prevelles, Madeleine, une petite dame âgée et malade, aidait dans le Musée des potiers, l'épouse du maire adjoint, une dame très élégante, l'air d'une ancienne vedette de cinéma distribuait les plats et tirait de la bière sans le moindre problème, le maire personnellement enfonçait des crampons avec la publicité de la Biennale le long de la route et je pourrais continuer ainsi. Chaque soir lors de ces derniers jours de la Biennale on a dîné dons le jardin chez Philippe, 40- 50 personnes. Les femmes du village, les copines, même les femmes-professeurs de l'université se relayaient pour la préparation du repas qui a un ordre immuable (entrée, plat principal, salade, fromages, gâteau). Au moins une soirée nous avons réservé à "notre" cuisine et nous avons proposé à nos hôtes nos galettes farcies. Les jeunes filles de Modra ont pris en charge I' organisation de la soirée, nous avons acheté tous ce qu'il fallait, il n'était pas facile de rassasier 53 convives, mais le dîner a eu un succès incroyable.
Cet événement céramique n'est pas encore connu dans le monde, même si quatre éditions avaient déjà lieu, mais je suis convaincue, que ces gens-là, enthousiasmés, le rendront célèbre. Ils y tiennent énormément et je n'ai jamais entendu quelqu'un dire qu'il n'avait pas le temps ou que quelque chose n'était pas réalisable.
Les deux soirées finales ont été conçues de façon vraiment monumentale. Sur le grand pré une tente spacieuse avait été installé. Sur la pente nos collègues – céramistes français - construisaient des fours papier primitifs et un four raku, on jouait du Théâtre pour les enfants, on mangeait, buvait, dansait. Deux drapeaux flottaient au dessus de la tente : le slovaque et le français.
Grâce à Mme Bozena Krizikova, attachée culturelle à Paris, qui a beaucoup aidé notre représentation, l'ensemble folklorique de Humenné est venu, on a fait la soupe ou choux pour 350 personnes, on a fait des gâteaux ou pavot et le maire de Prevelles a dit, que les Slovaques étaient désormais sa "bonne famille", ce qui veut dire, des plus proches.
Je suis convaincue, que nous avons laissé une bonne trace.
Photos : Gabriela Luptáková

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