lundi 17 janvier 2011

CONTE DE FEES CERAMIQUE DE PREVELLES [1/4]

Cette série de quatre articles a été écrite par Gabriela Luptáková dans le magazine Remeslo Umenie Dizajn. Elle relate son expérience en tant qu'artiste invitée de la Biennale de la céramique de Prevelles-Tuffé. C'est un témoignage très émouvant et qui rappellera de nombreux bons souvenirs à tous les participants de la dernière édition de la biennale.

CONTE DE FEES CERAMIQUE DE PREVELLES

Au printemps l'année dernière j'ai reçu une lettre de I' Union nous appelant, nous céramistes, à nous inscrire pour participer à la Biennale Prevelles-Tuffé en France. Aucun de nous n'avait jamais entendu parler d'une telle biennale, on n'arrivait même pas à trouver la localité sur la carte. Moi personnellement, j'ai immédiatement jeté ces papiers, persuadée, qu'ils ne pouvaient pas m'être destinés.
Ce projet insolite a été conçu il y a huit ans par l'architecte Philippe Ménard, céramiste corps et âme. Le principe est que tous les deux ans l'association locale des céramistes choisi un pays dont un ressortissant est invité pour un séjour de trois mois. Son séjour s'achève par une exposition des œuvres qu'il a réalisé pendant ces trois mois. Quatre autres céramistes de ce pays sont invités ainsi que quatre céramistes français à I' exposition finale. A mon avis, le plus remarquable est qu'on invite aussi quatre potiers du même pays et quatre français. Cette fois encore la manufacture de Modras a été invitée avec ses produits de majolique traditionnelle. L'art contemporain et I' art traditionnel (soit disant populaire) juxtaposés au même niveau ! Nous déprécions parfois notre "poterie" tandis que là j'ai été témoin d'un grand intérêt et d'un respect remarquable pour ce métier honorable.
Monsieur Philippe Ménard, président de la Biennale, a visité personnellement les céramistes slovaques inscrits, a pris en photo leur travail, a rassemblé la documentation. Ensuite, vers Noël, on m'a annoncé que c'est moi que la commission des spécialistes avait choisi, et qu'on m'attendait à Prevelles fin avril. D'abord je n'y croyais pas, persuadée, que c'était une occasion pour nos jeunes et prometteurs céramistes, après j'ai commencé à me réjouir et à la fin je ne pouvais plus dormir, tellement je craignais d'être seule un trimestre et, surtout, je me demandais si ma famille le supporterait. Je cherchais éperdument les informations que j'avais jetées, je cherchais sur la carte, sur I' internet.
Prevelles est un petit village pas loin du Mans : une trentaine de foyers, une église, un bistrot, pas de magasin ni de car en dehors de la navette scolaire que les adultes ne peuvent pas utiliser. Comme je n'avais pas de voiture, Philippe m'amenait une fois par semaine à Bonnétable, le village à côté. Il m'a aussi prêté son vélo et dès lors je pouvais me déplacer un peu dans ce paysage légèrement vallonné. Une campagne merveilleuse, qu'aucune industrie ni architecture douteuse n'a bouleversé. La campagne, des champs soigneusement entretenus, des pâturages, des chevaux, des vaches, des moutons et des ânes. J'ai beaucoup marché après que les habitants m'eurent montré par où je pouvais passer, car la majorité des parcelles est clôturée et il est déconseillé d'escalader des barrières. Le troupeau de jeunes taureaux est très curieux et ils courent vraiment vite.
J'avais à ma disposition une petite maison, chouette et confortable, appelée La Pucelle, qui appartient à l'association des céramistes locaux, située au bout du village, la dernière maison, devant le cimetière. Derrière la maison se trouve une grange, transformée en atelier bien spacieux avec un tour de potier et, dehors, sous un toit, deux fours. Le premier de 0,50 m3 à gaz, le second d'1 m3 à bois.
J'ai consacré au jardin un peu délaissé, les quatre jours d'attente de l'argile, j'ai acheté et planté un arbre, pour qu'il reste après mon séjour quelque chose d'utile. Les maisons n'y ont pas de rideaux et on ne les ferme pas à clé. Moi aussi, je l'ai appris avec le temps, et dès lors, je trouvais dans la cuisine sur la table des boîtes d'œufs ou de la salade du jardin et le plus souvent je ne savais même pas qui remercier.
Photos : Gabriela Luptáková
L'article original est visible ICI

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