mardi 24 juin 2014

Les potiers de la Biennale 2014 - #16 Delphine Lauray - #17 Philippe Ménard



Delphine Lauray
"Liée à Prévelles pour y avoir occupé la résidence de la Pucelle pendant 18 mois avec Lucie Becuwe, je tenais à participer une nouvelle fois à la Biennale. Les argiles brutes me parlent. J’aime associer différentes terres. Un jeu tactile et coloré révélé par des cuissons élevées. Instinctivement, le monde végétal qui nourrit mon inspiration s’invite dans les décors et les formes.
Le temps qui passe sur mes pièces ne cesse de m’enthousiasmer. C’est pourquoi, concevoir des objets destinés au monde extérieur m’amuse. Être colonisé par l’essence de la vie. Donner la terre à l’eau, à l’air et au feu, pour la rendre à la Terre."
Philippe Ménard
À la fois auguste et clown blanc, Philippe Ménard est un saltimbanque de la céramique. Son œuvre a le verbe éclatant d’une trompette et la délicatesse d’un archet. Elle allie gaîté et mélancolie, exubérance et retenue, outrance et raffinement. C’est un jonglage permanent, un numéro d’équilibriste exigeant auquel s’astreint ce céramiste, qui fait fi d’un « système » pour ne saisir et ne transmettre que le rire et l’émotion. Ce potier est un contre-poison à notre monde contemporain si mortifère à bien des égards. « Nous n’avons plus assez de musique en nous pour faire danser la vie, » écrivait Louis Ferdinand Céline. Philippe Ménard ne s’y résigne pas. Il n’a pas renoncé à sa part d’enfance et d’adolescence, à ce touchant idéal de mettre l’arc-en-ciel dans sa vie et dans son art.
Quelle force d’âme.
Sa création en grès, alliée à de la porcelaine, se perpétue et se réinvente en permanence. Actuellement, elle est polyphonie de couleurs, un feu d’artifice d’oxydes de cuivre, de manganèse ou de fer qui insufflent vie et vigueur à ses sculptures, ses terrines, ses pichets ou ses théières. Elle est également intimiste et s’apparente à une céramique de chambre comme on définirait de la musique.
Elle parle avec pudeur de délicatesse de l’âme humaine. Philippe Ménard capture et fige dans la terre des moments de grâce, des sentiments fugitifs et indicibles qui unissent et irradient ses personnages et leurs animaux. Et là est peut-être le secret de cet artiste qui transcende depuis tant d’années un art réputé mineur. Malgré la maturité, la maîtrise de son métier, il a su conserver une grande fraîcheur et une joie de vivre qui magnifient son œuvre.
Nicolas Gaine

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